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Pablo Neruda, poète Chilien

Pablo Neruda, poète chilien, est considéré comme un grand poète influent du 20ème siècle. Il est né le 12 juillet 1904 à Parral au Chili et son vrai nom est Ricardo Neftali Reyes Basoalto.
Il a beaucoup écrit, dans des styles très variés, comme des poèmes d'amour érotique (dans son recueil « vingt poème d'amour et chanson désespéré ») des poèmes surréalistes, des recueils historiques, des manifestes politiques...

Dès l'adolescence, il publie ses premiers poèmes et textes en prose. Il choisit son pseudonyme en hommage au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891) Il se fait très rapidement une renommée avec ses publications et des récitals de poésie. A dix-neuf ans, il publie son premier livre: "Crépusculario" (Crépusculaire). Et, un an plus tard: "Veinte poemas de amor y una cancion desesperada" (Vingt Poèmes d'amour et une Chanson désespérée).
En 1927, il devient consul à Rangoon, Colombo, Batavia, Calcutta, Buenos Aires.
En 1932, il retourne dans sa patrie, à partir de 1935, il est consul en Espagne où il entretien des relations amicales avec Federico Garcia Lorca (qui aura une influence déterminante sur sa vie et son œuvre). Après le soulèvement fasciste de Franco du 18 juillet en Espagne et l'assassinat de Garcia Lorca, il se fait l'avocat de la République espagnole et est révoqué comme consul. Il écrit alors "Espagna en el corazon" (L'Espagne au Cœur) qu'il publie en 1937. La même année, il fonde le "Comité hispano-américain pour le Soutien à l'Espagne" et l'"Alliance des Intellectuels chiliens pour la Défense de la Culture". Il fait des voyages au Mexique, à Cuba et au Pérou.
En 1945, il est élu au Sénat et devient membre du parti communiste chilien. En 1946, Neruda dirige la campagne électorale de Gonzalez Videla, qui, après son élection comme président, se révèle être un dictateur farouchement anticommuniste. Le poète réagit par un discours au sénat portant le célèbre titre d'Emile Zola: «J'accuse! ». Il échappe de justesse à son arrestation et se réfugie à l'étranger. Son exil en Europe le conduit en URSS, en Pologne, en Hongrie, en Italie. Il visite aussi l'Inde et le Mexique. Il publie en 1950 son "Canto General", écrit dans la clandestinité. L'œuvre est immédiatement interdite au Chili.
En 1949, il devient membre du Conseil Mondial de la Paix à Paris, en 1950, il obtient, ensemble avec Pablo Picasso, le Prix International de la Paix. Il rencontre la femme de sa vie, Matilde Urrutia qui l'inspire pour des poèmes d'amour d'une fulgurante beauté: "Cien sonetos de amor" (La Centaine d'Amour, 1959).
En 1952, il rentre au Chili. En 1958 il soutient pleinement la campagne électorale de Salvador Allende Goossens comme candidat à la présidence de la République.
En 1971, il obtient le Prix Nobel de Littérature.
En 1972, il retourne au Chili et est triomphalement accueilli au stade de Santiago. Neruda rédige: "Incitacion al Nixoncidio y elogio de la revolucion" (Incitation au Nixoncide et éloge de la Révolution).
Le 11 septembre 1973, la clique autour de Pinochet et le CIA renversent le président élu du Chili, Salvador Allende, et l'assassinent. La maison de Neruda à Santiago est saccagée et ses livres sont jetés dans les flammes. Le poète et homme politique meurt le 24 septembre 1973. Son inhumation devient, malgré une surveillance policière effrayante, une manifestation de protestation contre la terreur fasciste. En 1974, l'autobiographie de Neruda: "Confieso que he vivido" (Je confesse que j'ai vécu), paraît à titre posthume

« Il reste que je ne suis qu'un homme, mais plusieurs de vous diront quel homme j'ai été. J'ai toujours lutté pour le peuple et les droits de celui-ci de se gouverner lui-même, j'en ai frôlé la mort plus d'une fois et j'ai même dû me sauver de chez moi pour de longues années. Mais toujours j'ai écrit et aimé la vie. Mon œuvre a fait le tour du monde et je suis devenu un symbole pour une jeunesse pleine de vie. Les élèves aimeront mon Chant général où je tente de faire sentir toute la beauté du monde. J'aime la vie et le monde. J'ai été heureux dans ma lutte incessante. Notez cher lecteur qu'un film fut fait sur mes relations avec un postier lors de mon exil en Italie, un film merveilleux de tendresse mettant en vedette Philippe Noiret: Il Postino. » Neruda, Pablo (Neftali Reyes)

Extrait de "El Canto General":

Au sein de la terre, j'écarterai
les émeraudes pour t'apercevoir
et toi d'une plume d'eau messagère
tu seras en train de copier l'épi.

Quel univers ! Quel stimulant persil !
Quel navire voguant sur la douceur !
Et toi peut-être et moi aussi topaze !
Tous ensembles sonneront les cloches.

Il ne restera plus que tout l'air libre
avec la pomme emportée par le vent,
dans la ramée le livre succulent,
et au lieu où respirent les œillets
nous fonderons un habit qui supporte
l'éternité d'un baiser victorieux.

Autre extrait de "El Canto General"
Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :

dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.
Qu'aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique: je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.

Un extrait de « J'avoue que j'ai vécu »: Les Mémoires de Neruda, parues en 1974, quelques mois après sa mort :

« Mon peuple a été le peuple le plus trahi de notre temps. Du fond des déserts du salpêtre, des mines du charbon creusées sous la mer, des hauteurs terribles où gît le cuivre qu'extraient en un labeur inhumain les mains de mon peuple, avait surgi un mouvement libérateur, grandiose et noble. Ce mouvement avait porté à la présidence du Chili un homme appelé Salvador Allende, pour qu'il réalise des réformes, prennent des mesures de justice urgentes et arrache nos richesses nationales des griffes étrangères.

Partout où je suis allé, dans les pays les plus lointains, les peuples admiraient Allende et vantaient l'extraordinaire pluralisme de notre gouvernement. Jamais, au siège des Nations unies à New York, on n'avait entendu une ovation comparable à celle que firent au président du Chili les délégués du monde entier. Dans ce pays, dans son pays, on était en train de construire, au milieu de difficultés immenses, une société vraiment équitable, élevée sur la base de notre indépendance, de notre fierté nationale, de l'héroïsme des meilleurs d'entre nous. De notre côté, du côté de la révolution chilienne, se trouvaient la constitution et la loi, la démocratie et l'espoir.

De l'autre côté il ne manquait rien. Ils avaient des arlequins et des polichinelles, des clowns à foison, des terroristes tueurs et geôliers, des frocs sans conscience et des militaires avilis. Tous tournaient dans le carrousel du mépris. Main dans la main s'avançaient le fasciste Jarpa et ses neveux de Patrie et Liberté, prêts à casser les reins et le cœur à tout ce qui existe, pourvu qu'on récupère l'énorme hacienda appelée Chili. À leur côté, pour égayer la farandole, évoluait un grand banquier danseur, éclaboussé de sang : Gonzalez Videla, le roi de la rumba, lequel, rumba par-ci, rumba par-là, avait depuis belle lurette livré son parti aux ennemis du peuple. Maintenant c'était Frei qui livrait le sien aux mêmes ennemis, et qui dansait au son de leur orchestre, avec l'ex-colonel Viaux, son complice ès forfaiture. Ils étaient tous têtes d'affiche dans cette comédie. Ils avaient préparé le nécessaire pour tout accaparer, les "miguelitos", les massues et les balles, ces balles qui hier encore avaient blessé notre peuple à mort à Iquique, Ranquin, Salvador, Puerto-Montt, José Maria Caro, Frutillar, Puente Alto et autres nombreux endroits. Les assassins d'Hernan Mery dansaient avec ceux qui auraient dû défendre sa mémoire. Ils dansaient avec naturel, avec leurs airs de bondieusards. Ils se sentaient offensés qu'on leur reproche ces "petits détails".

Le Chili a une longue histoire civile qui compte peu de révolutions et beaucoup de gouvernements stables, conservateurs et médiocres. De nombreux « présidaillons » et deux grands présidents : Balmaceda et Allende. Curieusement, l'un et l'autre sortent du même milieu : la bourgeoisie riche, qui se fait appeler chez nous "aristocratie". Hommes de principes, obstinés à rendre grand un pays amoindri par une oligarchie médiocre, ils eurent la même fin tragique. Balmaceda fut contraint au suicide parce qu'il refusait de livrer aux compagnies étrangères nos riches gisements de salpêtre. Allende fut assassiné pour avoir nationalisé l'autre richesse du sous-sol chilien : le cuivre. Dans les deux cas, les militaires pratiquèrent la curée. Les compagnies anglaises sous Balmaceda, les trusts nord-américains sous Allende, fomentèrent et financèrent des soulèvements d'état-major.

Dans les deux cas, les domiciles des présidents furent mis à sac sur l'ordre de nos distingués "aristocrates". Les salons de Balmaceda furent détruits à coups de hache. La maison d'Allende, avec le progrès, fut bombardée par nos héroïques aviateurs.

Pourtant, les deux hommes se ressemblent peu. Balmaceda fut un orateur fascinant. Il avait une nature impérieuse qui le rapprochait chaque jour davantage du pouvoir personnel. Il était sûr de la noblesse de ses intentions. Les ennemis l'entouraient à chaque instant. Sa supériorité sur son entourage était si grande, et si grande sa solitude, qu'il finit par se replier sur lui-même. Le peuple qui aurait dû l'aider n'existait pas en tant que force, c'est-à-dire n'était pas organisé. Ce président était condamné à agir comme un illuminé, comme un rêveur : son rêve de grandeur resta à l'état de rêve. Après son assassinat, les trafiquants étrangers et les parlementaires du cru s'emparèrent du salpêtre : les étrangers, en concessions; les représentants du cru, en pots-de-vin. Les trente deniers perçus, tout rentra dans l'ordre. Le sang de quelques milliers d'hommes du peuple sécha vite sur les champs de bataille. Les ouvriers les plus exploités du monde, ceux des zones du nord du Chili, ne cessèrent plus de produire d'immenses quantités de livres sterling pour la City de Londres.

Allende ne fut jamais un grand orateur. Gouvernant, il ne prenait aucune décision sans consultations préalables. Il était l'incarnation de l'anti-dictateur, du démocrate respectueux des principes dans leur moindre détail. Le pays qu'il dirigeait n'était plus ce peuple novice de Balmaceda, mais une classe ouvrière puissante et bien informée. Allende était un président collectif ; un homme qui, bien que n'étant pas issu des classes populaires, était un produit de leurs luttes contre la stagnation et la corruption des exploiteurs. C'est pourquoi l'œuvre réalisée par Allende dans un temps si court est supérieure à celle de Balmaceda; mieux, c'est la plus importante dans l'histoire du Chili. La nationalisation du cuivre fut une entreprise titanique. Sans compter la destruction des monopoles, la réforme agraire et beaucoup d'autres objectifs menés à terme sous son gouvernement d'inspiration collective.

Les œuvres et les actes d'Allende, d'une valeur nationale inappréciable, exaspérèrent les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique de cette crise se manifeste dans le bombardement du palais du gouvernement ; on n'a pas oublié la Blitzkrieg de l'aviation nazie contre des villes étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes; le même crime se reproduisait au Chili ; des pilotes chiliens attaquaient en piqué le palais qui durant deux siècles avait été le centre de la vie civile du pays.

J'écris ces lignes hâtives pour mes Mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait le silence autour de son assassinat; on l'a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu'ils l'ont découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l'étranger est différente. Aussitôt après l'attaque aérienne, les tanks - beaucoup de tanks - sont entrés en action, pour combattre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son cœur généreux, entouré de fumée et de flammes.

L'occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l'homme qui ne renoncerait pas à son devoir. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s'en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois, les soldats du Chili avaient trahi leur patrie. »

Commentaires

  • Paul Jumernide
    • 1. Paul Jumernide Le 03/12/2010
    C'est un poete que j'admire
    Savourer ses poemes m'est un grand plaisir
  • f l o m a x o n l i n e
    Hey, who the designer of your site? very cute
    buy f l o m a x

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